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Sur les traces de Charlotte Corday

Pour la plupart des gens, Marie Anne Charlotte Corday est l’assassin de Marat. Pour certains caennais, c’est également le nom d’une pâtisserie.
Pour moi, c’est beaucoup plus que ça. A l’école primaire, je m’étais prise de passion pour le siècle des lumières, la Révolution française et surtout la Terreur!

Il a fallu beaucoup de patience à ma mère pour me faire comprendre que ce n’était pas franchement la période la plus paisible de l’Histoire.
Il faut dire qu’au milieu de tous les hommes qui s’affichent dans les livres d’Histoire, on ne retient que peu de femmes. Parmi celles qui se sont trouvé sur la route de mon parcours de primaire, on trouve Jeanne D’Arc et Charlotte Corday.

Qui es-tu, Charlotte Corday?

On sait peu de choses sur Charlotte, hormis le fait qu’elle soit l’auteur du coup de couteau qui fut fatal au député Montagnard Marat.

Mais pourquoi Charlotte Corday a-t-elle assassiné Marat? J’ai lu beaucoup d’articles sur la jeune femme, et certaines hypothèses avancées ont le don de m’agacer, notamment celles qui dessinent une Charlotte futile, puérile et agissant sous l’influence d’un amant.
Mais les blancs laissés entre les lignes de la vie de Charlotte laissent ainsi à chacun le loisir de choisir le mobile qui lui parait le plus probable, non?

Ce dont nous sommes certains, c’est que Charlotte Corday était une jeune fille déterminée, cultivée, et passionnée de lecture.
Fille de nobles désargentés, descendante de Corneille, elle fut confiée par son père à l’Abbaye aux Dames de Caen qui recevaient alors des pensionnaires de sang bleu mais sans argent, offrant ainsi à ces adolescentes une éducation leur permettant de choisir leur voie parmi deux chemins presque tout tracés: rejoindre les ordres ou faire un beau mariage.
Charlotte était à la fois trop têtue et trop cultivée pour l’une ou l’autre de ces destinées. Il faut dire qu’à l’époque, une femme ayant du caractère et de l’esprit était considérée comme rebelle et aguicheuse.

Un de ses parents écrivait à son sujet:

Charlotte avait le feu sacré de l’indépendance, ses idées étaient arrêtées et absolues. Elle ne faisait que ce qu’elle voulait. On ne pouvait pas la contrarier, ceci était inutile, elle n’avait jamais de doutes, jamais d’incertitudes. Son parti une fois pris, elle n’admettait plus de contradiction. Son oncle, le pauvre abbé de Corday m’en a parlé dans les mêmes termes, comme d’une personne qui avait un caractère d’homme. Elle avait, en outre un esprit assez railleur, assez moqueur… Elle était susceptible de sentiments nobles et élevés, de beaux mouvements. Avec l’énergie dont elle était douée, elle s’imposait et n’en faisait jamais qu’à sa tête. Quoique dans la famille les femmes soient toutes énergiques, il n’y en avait pas qui eussent un caractère aussi décidé, aussi capable. Si elle eût commandé un régiment, elle l’eût bien mené, cela se devine.

La Révolution est venue mettre son grain de sel dans le parcours personnel de Charlotte, scellant ainsi son destin. Expulsée de l’Abbaye suite à la fermeture des établissements religieux, assistant aux montées de violence dans les rues (têtes coupées et embrochées, voire, actes de cannibalisme), Charlotte aurait trouvé dans la vision Révolutionnaire de Marat la raison de l’échec des espoirs qu’elle portait en la Révolution. Il faut dire que l’Ami du peuple n’était pas le plus tendre des journaux de l’époque. Pour elle qui croyait à l’ébauche d’une société plus juste, la chute est rude.

La suite, nous la connaissons: Charlotte effectue le trajet de Caen à Paris munie d’un sauf-conduit pour affaires familiales, achète un couteau, se rend trois fois chez Marat, et à la troisième tentative, le frappe à la poitrine le laissant gisant dans son bain.

La tristesse de cette histoire veut que Marat était condamné. Atteint d’une grave maladie de peau, le Montagnard passait ses journées dans sa baignoire. C’est la raison pour laquelle il s’y trouvait quand il reçut Charlotte. Il aurait succombé à sa maladie quelques mois après la visite de la jeune femme, lui évitant ainsi le crime et l’échafaud.

Le destin de la jeune femme a alors tout de la tragédie.

La biographie de Charlotte Corday : Pourquoi Marat devait mourir

Parmi les livres que j’ai pu lire sur le sujet, certains m’on fortement déplu, et d’autres ont un peu répondu aux questions que je me posais.

Ainsi, Hélène Maurice-Kerymer dresse le portrait de Charlotte Corday de sa naissance à sa mort, de façon romancée, mais non romanesque.
C’est le seul des livres que j’ai lu sur le sujet que je puisse vous recommander, les autres m’ayant tous profondément déçue.

Je préfère les romans aux biographies classiques, mais je souligne le fait qu’un roman dépeint une personnalité selon l’angle choisi par son auteur.
Si vous préférez les éléments factuels, dirigez-vous plutôt vers une biographie classique.

Le roman de Charlotte Corday est écrit à la première personne du singulier et dessine une Charlotte au caractère bien trempé et à l’esprit éclairé. On suit les pas de Charlotte, de sa naissance dans l’Orne, à sa mort à Paris.

Charlotte Corday : Enquête sur les traces d’une meurtrière avec Normandie à la Loupe

Pour les 250 ans de la naissance de Marie-Anne-Charlotte de Corday d’Armont, la ville de Caen met la Révolutionnaire à l’honneur à travers une série d’événements: expositions, conférences, et animations.

Pour ma part, je me suis rendue à l’exposition donnée à l’Hôtel de ville  de Caen – L’Abbaye aux Hommes – en Mai dernier. Malheureusement, celle-ci  fermé ses portes, mais cet été, vous pouvez vous plonger dans un escape game en plein air sur la thématique!

Normandie à la loupe propose en effet un enquête sur les traces de Charlotte Corday. Votre mission: rechercher les éléments vous permettant de découvrir si Charlotte est bien l’auteur du crime contre Marat.

Armé d’un crayon à papier et d’une feuille, il faut alors effectuer quelques calculs pour trouver les bons codes permettant de déverrouiller les cadenas protégeant les preuves tant recherchées.

J’ai eu l’occasion de tester cette enquête, et notre groupe a lamentablement perdu. Pour ma défense, après une journée de travail, et 6km de marche à pieds sous 30°C je n’avais plus les idées très claires. Encore moins pour faire des mathématiques! Mais c’était très amusant!

Je vous invite cependant à porter de bonnes chaussures, car si ‘enquête débute à l’Abbaye aux Dames, elle vous mènera à pieds jusqu’en centre-ville! Comptez deux heures d’enquête environ (ça nous a pris un peu plus de temps, parce qu’on était vraiment nuls! Mais disons que pour un groupe bien reposé, cela prend deux heures!).

Les réservations se font à l’office du tourisme de Caen, et il vous en coûtera 8€ (5€ pour les étudiants).
Une autre enquête « Chasse aux villas belle époque » est également proposée, mais je n’ai pas testé cette dernière.

Et vous connaissiez-vous l’histoire de Charlotte Corday?

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2 Comments

  • Reply
    Coline (Normandie à la Loupe)
    10/07/2018 at 22 h 08 min

    Très bel article, j’oserai même dire qu’il aurait certainement plu à Charlotte ! Si je ne connaissais pas déjà le personnage je m’y plongerai dès maintenant 🙂

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