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Et ce serait la nuit, la longue nuit, La Nuit des enfants rois

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Étant donné que je suis malade, j’ai des heures devant moi pour lire (ou relire!).Dans le lot de livres qui ont marqué mon adolescence , il y’a La Nuit des Enfants Rois de Bernard Lenteric.

J’aime le style de l’écrivain, son roman mi-polar mi-fantastique. Surtout qu’à la base, je déteste les polars! Mais celui ci à quelque chose de fascinant et d’un peu dérangeant.
Je vous en livre quelques extraits…

Cela se passe, une nuit, dans Central Park, à New York : sept adolescents sont sauvagement agressés, battus, certains violés. Mais ces
sept-là ne sont pas comme les autres : ce sont des enfants-génies.
De l’horreur, ils vont tirer contre le monde une haine froide, mathématique, éternelle. Avec leur intelligence, ils volent, ils accumulent les crimes parfaits. Car ces sept-là ne sont pas sept : ils sont un. Ils sont un seul esprit, une seule volonté. Celui qui
l’a compris, Jimbo Farrar, lutte contre eux de toutes ses forces. A moins qu’il ne soit de leur côté… Alors, s’ils étaient huit, le
monde serait à eux et ce serait la nuit, la longue nuit, La Nuit des enfants rois.

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Quant à son regard, c’est bel et bien un regard d’enfant.
Pas plus angoissant qu’un autre. Mais pas moins. Étrange que jamais personne n’ait pris garde à cette expression très particulière, glacée, à la surface de ses pupilles. Mais qui se donnerait la peine de scruter le regard d’un enfant comme les autres?
Seulement voilà…Imaginez une armoire, un placard, une commode enfin n’importe quel meuble où l’on range soigneusement des vêtements, du linge de table, des draps. C’est rassurant, banal, familier, ordonné. c’est l’été. Il y’a dans l’air une tiédeur agréable, parfumée.
Et pourtant au cœur de ces draps empilés, ou bien dans un tiroir, se trouve un serpent lové, venimeux, mortellement dangereux.
Il a environ cinq ans, et son intelligence anormale est comme ce serpent lové qui attend.

Elle dit « mon corps » avec détachement. Elle ne s’est jamais faite toute a fait à l’idée que ce ce corps est le sien. « Je suis en location en quelque sorte ».
Reste qu’elle aime ce corps qui est le sien. Elle en est satisfaite. On l’a gâtée. TU N’ES PAS SEULE, VOUS ÊTES SEPT, a dit l’Homme-Montagne.

Il a, comme les six autres, toutes les apparences d’un gosse ordinaire. Mais attention. Attention ! L’un d’entre eux est comme un serpent lové, ignoré, endormi. Qui n’attaquera pas si on ne l’attaque pas. Pas lui. Lui attaquera, de toute façon, et il n’est plus très loin d’en avoir aujourd’hui la possibilité. Si son corps n’a que quinze ans d’âge, son cerveau ridiculiserait celui de n’importe quel adulte. Il porte en lui trop de haine et de désespoir accumulés au fil des quelque dix années précédentes, à attendre. Ou alors il faudrait un miracle. Le miracle s’est produit. A cette seconde, il s’unit dans les Sept, y fusionne, s’y trouve. Pour la première fois, il vit. Une joie étouffante pour lui, qui n’a jamais éprouvé d’amour, même filial.Le miracle.

Les Sept bougeaient. Ils convergeaient. Non pas dans un mouvement continu et vif qui eut attiré l’œil, mais par une progression furtive, millimétrique.Amibienne.

Nous le fascinons. Pas seulement à cause de notre intelligence: mais parce q’il a en lui, mille fois plus que tous les autres hommes, quelque chose de l’enfance qui est resté. Comme une lumière qu’on a oublié d’éteindre dans une maison vide.

Typique. Au premier rang de ma haine, je place ces garçons et ces filles qui ressemblent confusément la même colère que nous, les Sept, et ne font rien. Ils se laissent dériver vers l’âge adulte, stupidement, comme des moutons vers l’abattoir, se laissent émasculer par la société, laissent s’éteindre leur colère et même luttent contre elle.
Ils devraient être dans notre camp, ils formeraient une armée gigantesque. Nous en serions les chefs.

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